Avatar de mon désir.
Dans mon âme égarée tu as lu la détresse,
Oh toi dont toutes choses est pierre de ton empire.
De ton œil glacial j'ai goutté la caresse,
Mais ton fouet seul répondit à mon vain désir.
Le gouffre de l'oubli de mes vœux j'appelais.
Tout ton être respire la soif de pouvoir.
Dois-je céder à ta si douce tyrannie,
Dont mon esprit s'abreuve ? Je crains de le vouloir!
Qu'importe, de ma chaire je ferais ton effigie.
Pour toi à Loviatar sans craintes me suis-je damnée.
Et dès lors à jamais serais-je ta créature.
Mourir dans ton corps me serait délivrance.
Sur mon être avili tes charmantes tortures,
Font jaillir le sang, délicieuses fragrances.
Reine! Qui suis-je donc pour oser vous aimer ?
Ombre de ton ombre, en toi m'anéantirais-je.
Je te veux rien qu'à moi! Je ne saurais mentir...
Sacrifiée à ta gloire, quel plus beau privilège ?
Mais ton fouet seul répondra à mon vain désir.
Et enfin,
Rose noire et fanée, à toi je m'offrirais.
Et si...
Et si tu renonçait à toutes ambitions,
La luxure, le pouvoir et ces viles corruptions.
Si dans l'amour nous jetions nos passions,
Ses voluptés, ses charmes et ses contemplations.
Et si dès lors tu n'étais plus que compassion,
Une bonté éclose en toi, révélation!
Si me combler était seule préoccupation,
Bijoux, or et argent jusqu'à la déraison.
Tu me deviendrais vide alors...
Car j'ai besoin qu'on me dévore!